Cet article étudie les défis posés par la cohabitation entre la pêche artisanale et
l’exploitation des hydrocarbures dans la zone de la Langue de Barbarie (Saint-Louis,
Sénégal). Situé à environ 125 km au large de la ville de Saint-Louis (Sénégal), à cheval des
eaux territoriales sénégalo-mauritaniennes, le gisement gazier de Grand-Tortue Ahmeyim
(GTA) contiendrait des réserves de gaz estimées à 560 milliards de mètres cubes, ce qui en
ferait le plus important de l’Afrique de l’Ouest. L’exploitation gazière, une nouvelle donne à
Saint-Louis, limite le rayon d’action d’autres anciens usagers de la mer, comme les pêcheurs
artisanaux. Cette étude vise à analyser les conflits d’usages potentiels, ainsi que les impacts
associés aux activités extractives de la plateforme gazière, notamment l’installation du HUB
Gaz Naturel Liquéfié (GNL) de GTA, sur la pêche artisanale et ses activités connexes. Cette
étude a nécessité une enquête par questionnaire auprès des acteurs de la pêche et des
entretiens avec les personnes ressources, ainsi qu'un traitement et une analyse des données.
Les résultats de cette recherche montrent que l’exploitation des ressources gazières et
halieutiques revêt un enjeu capital pour l’État du Sénégal. Toutefois, la forte emprise spatiale
(marine et côtière) du projet GTA occasionne une vulnérabilité de la pêche avec des enjeux
actuels et futurs, constituant ainsi une menace pour les ressources halieutiques et leurs
écosystèmes notamment dans la Langue de Barbarie (Saint-Louis).