Analyse des conflits fonciers entre les jeunes, les chefs de familles et l’état dans la mise en valeur des terrains périurbains de la métropole abidjanaise
Auteur.e.s
Estelle ZUO EPSE DIATE, Sabine Amenan TONAN, Thimothée Yao ADOU, Axel Désiré Dabié NASSA.
Résumé
L’étude vise à analyser les conflits nés de la gestion des terres entre les jeunes et les chefs de lignages et l’Etat à la périphérie d’Abidjan. L’existence du marché foncier libéral, depuis l’introduction du décret de la concession d’aménagement en 1997, a amplifié le processus de l’étalement de la ville d’Abidjan. Dans l’optique de tirer des ressources liées à la vente de la terre, les familles villageoises et les chefferies détentrices du foncier s’érigent en lotisseurs en vendant de grandes parcelles hors lotissement, mais aussi des lots issus de lotissements non approuvés. Les revenus, qui y sont tirés, sont gérés par les chefs de famille sans qu’aucune distribution et une répartition équitable ne soient effectuées aux membres de la famille. Cette situation pousse les jeunes désœuvrés et sans ressources économiques à s’emparer souvent, des mêmes parcelles ou des parcelles non bâties pour les lotir. Il en ressort des conflits dont la principale cause est la révolte des jeunes contre le mode de gestion foncière de leurs chefs. Pour comprendre ces révoltes des jeunes, nées du processus de l’étalement urbain, une étude de cas de la gestion des terres périurbaines d’Abidjan à partir des espaces de Songon, Jacqueville, Grand-Bassam et Bingerville a été menée. Elle s’est appuyée sur les témoignages des jeunes en lien avec la situation foncière conflictuelle dans ces différents espaces. De plus, une recherche documentaire sur la gestion des terres de la périphérie par les chefs de famille, a révélé une vague de lotissement dont les auteurs sont les jeunes. De ces lotissements initiés par ces jeunes ressortent des conflits de divers ordres, soit entre les familles et les jeunes, soit entre les acquéreurs, ou encore entre l’Etat et les jeunes.