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Écoles coraniques itinérantes, « Mahadjiris » et scolarisation aux écoles conventionnelles dans le Département du Logone et Chari, Extrême-nord Cameroun

Le Logone et Chari constitue un département qui connait d’importants problèmes de scolarisation depuis l’avènement de l’insécurité, d’abord transfrontalière, liée aux crises politiques successives au Tchad, ensuite à la crise liée à Boko-Haram au nord du Nigeria et surtout aussi aux comportements socioculturels et religieux réfractaires aux écoles conventionnelles. A côté, s’ajoute un autre phénomène socioreligieux ignoré mais, non moins négligeable : les écoles coraniques itinérantes. La prolifération de ces écoles, du fait de leur gratuité et de l’ignorance des parents réfractaires au modèle éducatif formel, sont en passe de devenir une anomie sociale. Elles constituent dans le département du Logone et Chari, une concurrence notoire aux écoles officielles. Les « Mahadjiris » issus desdites écoles ne bénéficient d’aucun cadre structurel et formel. Cette situation, très inquiétante, constitue un frein pour la scolarisation de ces enfants et présente aujourd’hui un réel danger sécuritaire pour leur avenir. Le fonctionnement de ces écoles compromet et dessert leur accès aux écoles formelles qui sont susceptibles d’offrir et d’assurer un encadrement d’avenir pour leur insertion socioprofessionnelle. Sur ce, cette contribution consiste à mettre en exergue les « effets pervers » induits par ce phénomène. Le présent travail, basé sur les techniques d’observation et d’entretien semi-directif, fait un panorama des écoles coraniques itinérantes dans le département du Logone et Chari, étudie leur impact sur la scolarisation des enfants coraniques d’une part et d’autre part, évalue leurs menaces qui pèsent sur les populations dans une perspective où, dans cette partie du pays, le taux de scolarisation reste le plus faible et le développement socioéconomique peine à établir ses marques du fait des effets de la secte Boko Haram.